Ascension du Mont-Blanc : quelle voie choisir ?
Un guide pour l’ascension du Mont-Blanc à Chamonix en alpinisme. Vous rêvez d’accéder au plus haut sommet d’Europe occidentale à 4809 mètres d’altitude en ski de randonnée ou en alpinisme, en amateur ou avec un guide de haute montagne, mais vous ne savez pas quelle voie choisir ? Éléments de réponse.


Réaliser l’ascension du Mont-Blanc est un passage obligé dans une vie d’alpiniste. N’ayons pas peur des mots, le Mont-Blanc est le plus beau sommet des Alpes. Pourquoi ? Parce que contrairement à d’autres sommets aménagés comme le Cervin, le sommet du Mont-Blanc est encore vierge de tout équipement. Bien protégé par ses nombreuses faces glaciaires qui gardent leur couleur blanche immaculée, le sommet parait immunisé contre le réchauffement climatique qui maltraite les aiguilles de granite et fait disparaître les glaciers tempérés à plus basse altitude comme la Mer de Glace. Le Mont-Blanc lui est encore intact, intouchable à jamais. C’est cette image d’éternité qui fait que, pour moi, le Mont-Blanc est un sommet à part et qu’il mérite à juste titre une ou plusieurs visites.
Malheureusement, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ce sommet a été réglementé depuis quelques années sur son versant Saint-Gervais. Qu’importe, vous verrez dans la suite de l’article que les voies ne manquent pas pour réaliser l’ascension en plusieurs jours en jouant l’équilibriste sur le fil des arêtes ou en arpentant les hauts-lieux glaciaires qui entourent le sommet. Bienvenue au pays des neiges éternelles !
Voici les voies les plus faciles à réaliser en amateur ou avec un guide de haute montagne :
- la voie historique des Grands Mulets
- la voie normale « royale » du dôme du Goûter
- la traversée des 3 Monts (Tacul, Maudit, Mont-Blanc)
- la traversée intégrale Miages – Bionnassay – Mont-Blanc (partie 2)
- l’arête du Tricot – Bionnassay – Mont-Blanc (avec bivouac)
Cet article a été illustré avec des photos prises entre 2000 et 2019 lors de plusieurs ascensions du Mont-Blanc par ces voies.
#1 : La voie historique du Mont-Blanc des Grands Mulets
La première ascension du Mont-Blanc par l’Homme date du 8 août 1786. On a longtemps attribué cette première ascension au Suisse Horace Bénédict de Saussure, mais elle est due à deux habitants de Chamonix : le médecin Michel-Gabriel Paccard et Jacques Balmat.
A cette époque Pacard et Balmat sont partis depuis Chamonix pour rejoindre le glacier des Bossons puis ses 2 Plateaux pour réaliser l’ascension de la face nord directement sous le sommet. Cet itinéraire historique peut encore de nos jours être envisagé. C’est d’ailleurs l’itinéraire qui est choisi par la majorité des skieurs et des guides en empruntant soit l’arête des Bosses soit les Rochers Rouges et le Corridor pour atteindre le sommet.


Le passage obligé de cet itinéraire est le refuge des Grands Mulets planté sur un piton rocheux à 3057 mètres d’altitude. Ludo le gardien se bat depuis plusieurs années pour garder le refuge le plus longtemps possible en saison estivale et il ne faut pas hésiter à envisager l’ascension par cette voie. C’est d’ailleurs par cette voie d’ascension que Kilian Jornet détient le record de vitesse de l’ascension du Mont-Blanc depuis Chamonix.


Le refuge des Grands Mulets
Le refuge des Grands Mulets s’atteint classiquement depuis le Plan de l’Aiguille en utilisant le 1er tronçon du téléphérique de l’Aiguille du Midi. Il est tout à fait possible de partir du bas de la vallée à pieds en passant par l’abri à Balmat ou à ski par la Para les bonnes années pour rejoindre le glacier des Bossons.
Le passage le plus délicat est le passage de la Jonction : c’est le nom donné au point vers 2900 mètres d’altitude où se rejoignent les glaciers des Bossons et de Taconnaz. Depuis le Plan de l’Aiguille on traverse le glacier des Bossons au niveau d’un replat « Plan Glacier » pour atteindre la Jonction. Dès le mois de juin, le passage de la Jonction peut-être très crevassé, si bien qu’il faut se renseigner sur les conditions de ce passage auprès du gardien.
Arête nord du dôme du Goûter
Depuis le refuge, voie la plus sûre consiste à éviter les séracs surplombant le petit Plateau, lieu de plusieurs accidents dont le dernier en 2002, en empruntant l’arête Nord du Dôme du Goûter (cotation AD). Selon les conditions, cette arête nécessite souvent d’emporter un jeu de de broches à glaces et 2 piolets techniques pour négocier les passages en glace vive.
A la sortie de l’arête, la pente se couche et on rejoint le Dôme du Goûter et la voie normale du Mont-Blanc. L’itinéraire de l’arête du Dôme est indiqué sur la carte IGN comme une alternative à l’itinéraire des Plateaux.
Refuge bivouac Vallot et l’arête des Bosses
L’ascension se poursuit par le refuge bivouac Vallot à 4362 mètres et l’arête des Bosses jusqu’au sommet. Ces derniers 450 mètres de dénivelé ne sont pas à négliger avec l’altitude. A moins d’être très bien acclimaté, un temps d’1h30 est un minium pour les parcourir.


Sommet du Mont-Blanc 4809 mètres
Le sommet du Mont-Blanc a été mesuré à 4808,72 mètres en 2017 mais le sommet rocheux est seulement à 4792 mètres. On apprécie la vue avant la descente.


A ski, il est possible de descendre dans la face nord si elle est en bonnes conditions. Si ce n’est pas le cas on redescend l’arête des bosses à pieds. On rejoint alors le Grand Plateau à 3900 mètres puis le Petit à 3700 mètres avant de redescendre sous le refuge des Grands Mulets. C’est l’itinéraire de descente classique à ski. De là on rejoint Chamonix par le même itinéraire qu’à la montée.


Pour la descente, une autre option consiste à descendre par la traversée des 3 Monts (course #3) si l’itinéraire est en conditions : attention aux conditions nivologiques sur cet itinéraire.
#2 : la voie normale du Dôme du Goûter ou voie Royale


Historiquement la voie du Goûter est devenue la voie normale du Mont-Blanc avec la construction du chemin de fer du Mont-Blanc de 1905 à 1913 qui part du Fayet à Saint-Gervais les Bains. La gare terminale au point baptisé « Nid d’Aigle » est à l’altitude de 2372 mètres, à 500 mètres du glacier de Bionnassay. Le tramway du Mont-Blanc (T.M.B.) est officiellement inauguré après la 1ère guerre mondiale et va permettre d’approcher le Mont-Blanc par le versant Saint-Gervais. De nos jours, on accède au T.M.B. depuis la vallée de Chamonix par la télécabine de Bellevue depuis les Houches qui nous amène à l’arrêt Bellevue à 1786 mètres où l’on prend le train. Un premier refuge existe au Nid d’Aigle à quelques centaines de mètres de l’arrivée du train.
Attention : il est dangereux d’emprunter à ski ou pied la voie de train du Nid d’Aigle en hiver et au printemps en présence de neige sur la voie de chemin de fer : de nombreux accidents mortels ont eu lieu sur cette voie à cause d’avalanches et de chutes de pierres. Un itinéraire plus sûr pour atteindre Tête Rousse depuis Bellevue est le chemin de randonnée qui monte à la cabane des Rognes par le Dérochoir : ce chemin a été aménagé et sécurisé par la compagnie des guides de Saint-Gervais.
Un arrêté préfectoral limite l’accès à la voie normale
Depuis 2019, un arrêté préfectoral réglemente, pour la saison estivale, les conditions d’accès à l’itinéraire de la voie normale du 1er juin au 29 septembre : pour accéder au Mont-Blanc par cet itinéraire, il faut être muni d’une réservation dans un des refuges : refuge du Goûter, refuge de Tête rousse, refuge du Nid d’Aigle ou camp de base de Tête Rousse et avoir un document permettant de vérifier son identité. Lien vers l’arrêté d’accès au Mont-Blanc
Cet arrêté préfectoral, premier du genre dans les Alpes, limite fortement l’accès à cette voie. Une plateforme internet permet de réserver les 3 refuges.
Montée au refuge de Tête Rousse 3187 mètres
Depuis le Nid d’Aigle à 2372 mètres altitude on atteint le refuge de Tête Rousse à l’altitude de 3187 mètres en passant par la cabane des Rognes qui marque la moitié de l’itinéraire. Le glacier de Tête Rousse qui donne son nom au refuge est en voie de disparition et n’est pas crevassé. Attention : voir plus haut la remarque sur l’accès à Tête Rousse si la voie de train est enneigée avant le Nid d’Aigle.
On peut passer une nuit au refuge la réservation est obligatoire ou continuer l’ascension en direction du refuge du Goûter : attention cependant au couloir d’accès au Goûter, les chutes de pierre peuvent être fréquentes aux heures chaudes de la journée.
L’aiguille du Goûter 3817 mètres : le passage le plus exposé !
Le refuge du Goûter s’atteint par la face ouest de l’aiguille du Goûter : c’est sur cette portion qu’on rencontre le triste « couloir de la mort », un couloir qui collecte les chutes de pierres du haut de l’aiguille du Goûter et qu’on traverse en bas de la face avant de monter sur un vague éperon parfois équipé de câbles.
Il faut redouter d’attention sur cette partie de l’itinéraire surtout si des cordées sont engagées plus haut dans le couloir. Quelques pas d’escalade facile ponctuent la montée équipée de câbles dans certains passages délicats. Il ne faut pas sous-estimer ce passage de l’ascension qui a été endeuillé par de très nombreux accidents mortels. En cas de doute sur vos capacités et votre connaissance de la haute montagne, vous pouvez avoir recours aux services d’un guide.


Le refuge du Goûter 3835 mètres
A la sortie de l’aiguille du Goûter, on arrive à l’ancien refuge CAF qui a été remplacé par le nouveau refuge ouvert en 2013 qui se trouve 200 mètres plus loin. Le refuge du Goûter est le refuge le plus avancé pour tenter l’ascension du Mont-Blanc à l’altitude de 3835 mètres. Le nouveau refuge CAF du Goûter date de 2013 et propose 120 couchages. Le refuge du Goûter qui offre 120 couchages est le point de départ pour l’ascension finale du sommet. La réservation est obligatoire.


Le dôme du Goûter 4260 mètres
La plupart du temps les cordées qui dorment au Goûter partent vers 3 heures du matin l’été pour atteindre le sommet vers 8 heures et pour redescendre avant midi dans le couloir du Goûter et ainsi éviter les chutes de pierre l’après-midi lors du dégel.


Du refuge du Goûter, on atteint l’épaule sous le Dôme du Goûter vers 4260 mètres puis on poursuit vers le refuge bivouac Vallot à 4360 mètres où l’on rejoint la voie historique des Grands Mulets (voie #1).


L’arête des Bosses depuis Vallot 4360 mètres
De là, on suit l’arête des bosses jusqu’au sommet du Mont-Blanc. L’oxygène se fait rare et pour les 500 derniers mètres, il faut souvent compter plus de 2 heures d’ascension à un rythme normal. Un arrêt au refuge bivouac Vallot est possible pour reprendre des forces. Le refuge bivouac Vallot est un abri de secours et ne doit en aucun cas être utilisé pour y effectuer une nuit en refuge.


Du sommet du Mont-Blanc, on peut redescendre par la voie de montée ou basculer sur la voie des 3 Monts (voie #3) : c’est ce que je conseille de faire si elle est en conditions.
#3 : Traversée des 3 Monts : Tacul, Maudit & Mont-Blanc
La voie des 3 Monts est une voie alternative pour atteindre le sommet du Mont-Blanc depuis l’Aiguille du Midi. Le dénivelé total depuis le refuge des Cosmiques est de 1400 mètres ce qui en fait une entreprise sérieuse où il faudra être endurant et bien acclimaté . A cause des dangers objectifs liés aux chutes de séracs, je présente cette voie uniquement à la descente.


Depuis le sommet du Mont-Blanc, une solution élégante consiste à réaliser la traversée des 3 Monts à la descente (Mont-Blanc, Mont-Maudit, Mont-Blanc du Tacul) pour rejoindre le col du Midi. Arrivés au col du Midi, on peut rejoindre directement Chamonix en téléphérique si on est dans les temps. A défaut, on peut passer la nuit au refuge des Cosmiques et finir par l’arête des Cosmiques le lendemain matin. Continuer sur l’arête Midi-Plan et vers les aiguilles de Chamonix est aussi possible !
Redescendre du sommet du Mont-Blanc par la traversée des 3 Monts permet de réaliser la voie rapidement la voie de jour et ainsi de limiter les dangers liés aux chutes de séracs en restant exposé moins longtemps dans les passages qui présentent un danger de chute de glace.


Depuis le col du Mont Maudit, un passage raide permet de passer la rimaye. Les 2 photos suivantes montrent le changement de l’enneigement de la face nord du Maudit entre 2006 et 2018.


Même si la face est bien moins menaçante maintenant, les séracs du bas de la face nord du Mont Maudit représentent des dangers objectifs lorsqu’on parcourt cette voie à la montée.
La descendre permet d’être plus rapide et de limiter le temps passé sous la face.
On traverse le col Maudit (4029 mètres) jusqu’à l’épaule du Mont-Blanc du Tacul.


La face nord du Mont-Blanc du Tacul a été le lieu de terribles accidents liés à des chutes de séracs qui peuvent déclencher des avalanches. Il faut s’engager dans cette face avec un risque nivologique faible et de préférence de jour pour pouvoir éviter les éventuelles chutes de glace.
Arrivé au col du Midi, il est possible de regagner directement l’aiguille du Midi par l’arête Est ou de parcourir l’arête Sud des Comiques avant de descendre à Chamonix en téléphérique. Il est également possible de passer une nuit au refuge des Cosmiques.


#4 : Traversée Dômes de Miage, Bionnassay, Mont-Blanc
Le sommet du Mont-Blanc sans remontée mécanique en partant de Saint-Gervais et des Contamines-Montjoie. La voie des dômes de Miages et de l’aiguille de Bionnassay est sans doute la voie d’accès au Mont-Blanc « facile » la plus esthétique.
Lire l’article Mont-Blanc par la traversée des dômes de Miage et aiguille de Bionnassay
Mont-Blanc pratique
Réussir l’ascension du Mont-Blanc dépend de 4 paramètres importants :
- La météo qui à plus de 4000 mètres ne laisse parfois aucune chance d’atteindre le sommet
- Votre forme physique et votre endurance pour marcher plusieurs heures en montée avec un sac à dos
- Votre capacité à encaisser l’altitude et ses effets : une bonne acclimatation est gage de réussite et de plaisir
- Votre technique en alpinisme suivant la voie choisie
Pour maximiser les chances de réussites et le plaisir, n’hésitez pas à faire appel à un guide de haute montagne qui propose des stages de préparation à l’ascension du Mont-Blanc sur plusieurs jours.
Si vous cherchez un guide pour réaliser l’ascension du Mont-Blanc ou toute autre course en haute montagne, contactez-moi sur mon site pro : https://www.montblanc-ski-guide.fr/activites/mont-blanc/
Les compagnies des Guides de Saint-Gervais et de Chamonix proposent l’ascension du Mont-Blanc et des stages de préparation pour l’ascension.
Compagnies des guides :
- Compagnie des Guides de Saint-Gervais – +33 (0)4 50 47 76 55 – https://www.guides-mont-blanc.com
- Compagnie des Guides de Chamonix – +33 (0)4 50 53 00 88 – https://www.chamonix-guides.com
Réservation des refuges :
- Refuge des Grands Mulets (CAF) – +33 4 50 53 57 10 – https://refugedesgrandsmulets.ffcam.fr
- Refuges de la voie normale (CAF) : Nid d’Aigle +33 4 50 58 05 78 , Tête Rousse +33 4 50 58 24 97 de 8 h à 17 h , Goûter +33 4 50 54 40 93 : https://montblanc.ffcam.fr
- Refuge de Plan Glacier (commune St-Gervais) : +33 7 82 75 36 86 – https://planglacier.fr
- Refuge des Conscrits (CAF) : +33 4 79 89 09 03 – https://refugedesconscrits.ffcam.fr
- Refuge Durier (CAF) : +33 6 89 53 25 10 – http://refugedurier.ffcam.fr
- Refuge des Cosmiques (Cie des Guides de Chamonix) : +33 4 50 54 40 16 – facebook du refuge
Remontées mécaniques :
- Tramway du Mont-Blanc : horaires & tarifs
- Téléphérique Bellevue : horaires
- Téléphérique de l’Aiguille du Midi : horaires & tarifs