Arête des Cosmiques à l’aiguille du Midi
L’arête des Cosmiques de l’aiguille du Midi est sans conteste l’arête la plus célèbre de tout le massif du Mont-Blanc et de Chamonix. Rapidité d’accès depuis la vallée, difficultés modérées en neige et en escalade, esthétisme du granite orange propre au massif la protogine, paysages à couper le souffle ont fait de cette arête plus ou moins effilée l’une des courses d’alpinisme les prisées de Chamonix. L’arête des Cosmiques est l’arête sud-ouest de l’aiguille du Midi entre le col du midi au niveau de l’abri Simond à 3 600 mètres d’altitude et le sommet de l’aiguille du midi à 3 842 mètres. Je vous propose une petite visite en mots et en images d’une course mythique qui a éveillé tant de vocations et fait battre tant de cœurs… une histoire veille de plus d’un siècle.
L’arête des Cosmiques : une histoire de radioactivité terrestre
Bien avant l’arrivée des téléphériques en ce haut lieu au-dessus de la vallée de Chamonix, on doit la première ascension de l’arête qui n’était pas encore celle des Cosmiques à George Ingle Finch et son frère Maxwell en août 1911. George Ingle est un alpiniste et physicien britannique qui s’illustra aussi bien en 1909 sur la Paglia Orba en Corse avec son frère Max (voie Finch) qu’en 1922 lors la première expédition britannique sur l’Everest.
Voisin de l’aiguille du Midi, le refuge des Cosmiques trouve son origine dans l’étude de la radioactivité naturelle en partie liée aux rayons cosmiques qui proviennent de l’univers. Un premier bâtiment à vocation scientifique fut créé dans les années 1930 à l’emplacement de l’actuel refuge des Cosmiques, sous l’impulsion du polytechnicien Paul Chanson et du physicien français Louis Leprince-Ringuet. Ensemble, ils eurent l’idée de mettre à disposition des scientifiques un site en altitude propice à l’étude des rayons cosmiques. Le troisième tronçon du téléphérique des glaciers construit dans les années 1920, en fait un monte charge, arrivait au niveau de l’actuel abri Simond et permit d’acheminer le matériel pour la construction du laboratoire inauguré en 1946. Le laboratoire, qui fit ensuite office de refuge, était géré jusque dans les années 1990 par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Images d’archives (crédit : LESIA)
Détruit par un incendie en 1984, le refuge moderne est construit en 1991 à la place de l’ancien bâtiment par la commune de Chamonix, la Compagnie des Guides et le CNRS avec 130 couchages. C’est le refuge actuel qui est à présent géré par la Compagnie des Guides. Naturellement l’arête de l’aiguille du midi qui part du refuge a naturellement pris son nom… Cosmiques.
Le point de départ : le téléphérique de l’aiguille du Midi
Le point de départ de la course est, pour la majorité des prétendants au graal, le téléphérique de l’aiguille du Midi qui amène l’alpiniste rapidement du centre ville de Chamonix, pays des glaciers à 3 boules, jusqu’à 3 800 mètres d’altitude, pays des glaciers tout court. Le téléphérique mis en service en 1955 a contribué à développer l’alpinisme dans tout le secteur du col du Midi et offre un accès rapide à la Vallée Blanche l’hiver.
La course commence par la descente de l’arête de l’aiguille du Midi avant de rejoindre la grande étendue glaciaire du col du Midi sous les imposantes falaises de protogine orange en face sud de l’aiguille du Midi. A cet endroit, l’arête des Cosmiques se dévoile. On rejoint le refuge des Cosmiques puis l’abri Simond, point de départ de l’arête.
L’arête des cosmiques : un concentré d’alpinisme
L’arête des Cosmiques est une course d’alpinisme qui fait appel à toutes les techniques de l’alpinisme : le cramponnage en pente de neige, l’escalade, le cheminement en corde tendue et la technique de rappel. C’est donc une excellente course d’application pour l’apprenti montagnard qui se sera entraîné auparavant à toutes ces disciplines.
Les difficultés techniques sur l’arête sont assez condensées sur quelques passages et ont été réduites suite à quelques aménagements (logiques ?) depuis quelques années : des trous forés dans le granite permettent l’utilisation des pointes avant des crampons et facilite l’escalade dans les passages raides. Des points d’assurage ont été placés ici ou là et de nombreux relais de rappel permettent une progression relativement rapide dans la partie centrale qui a subit récemment un important éboulement en 2018.
Les difficultés de la fin de l’arête correspondent à de l’escalade rocheuse : passé le dernier gendarme, on escalade une dalle fissurée puis un système de fissures/cheminées pour atteindre, à l’aide d’une grande échelle, la terrasse des Cosmiques du téléphérique de l’aiguille du midi. Point final de la course avant la redescente paisible à Chamonix en téléphérique au milieu des nombreux touristes venus visiter ce haut lieu.
Malheureusement depuis quelques années, sous l’effet d’étés particulièrement chauds, l’arête est sujette en plein cœur de l’été à des éboulements, les derniers datent de l’été 2022. Le moment est peut-être venu de découvrir cette magnifique arête de granite avant qu’elle ne disparaisse en partie…
Découvrez l’arête avec un guide de haute montagne
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