Grenoble / barre des Écrins en vélo-alpinisme
TRAVERSÉE des ÉCRINS en VÉLO-ALPINISME (ou VELALPINISME). C’est sans doute un des projets les plus fous de mes années grenobloises réalisé en juillet 2005 avec Benoît… L’objectif était de changer d’approche de la montagne et de réaliser l’ascension en alpinisme de la Barre des Ecrins (4102 mètres) depuis Grenoble en vélo. Direction donc la Bérarde en bicyclette pour l’ascension du point culminant de l’Oisans et du Dauphiné par la traversée S/N des Écrins, une course d’alpinisme coté AD+. Une course réalisée en autonomie, sans refuge en bivouaquant sous la face Sud des Écrins. Voici le récit de cette petite aventure en montagne de 3 jours, décarbonée et à côté de la maison. Un récit qui raisonne 15 ans après comme un certain éloge de la lenteur dans notre monde toujours plus pressé.
Grenoble / barre des Écrins en vélo-alpinisme en 3 jours ou l’éloge de la lenteur en montagne
Voici mon récit de nos 3 jours de course en « autonomie » dans l’Oisans paru sur mon ancien blog en juillet 2005 avec les commentaires et les photos d’époque de Benoît. Les plus belles aventures se vivent souvent à côté de la maison. Démonstration avec ce récit de voyage en vélo-alpinisme qui reste toujours d’actualité 15 ans après.
Août 2004 et premier voyage à la Barre des Écrins avec Sylvain. On avait fait la « petite traversée », comprenez la traversée de la belle arête Est/Ouest de la Barre surmontant le glacier blanc. J’avais à l’époque repéré l’arrivée de la « grande traversée », celle qui vient de beaucoup plus bas dans la face Sud, du col des Avalanches, 600 m plus bas. Mais à cette époque, il n’y avait plus de neige et la grande traversée n’était plus vraiment en conditions.
Mars 2005 : c’est parti d’un délire, partir faire de la montagne à vélo… un peu à la Patrick Bérhault partant de Cham faire le Cervin à vélo, en un peu moins ambitieux ! Idée lancée par Ben, sans doute après quelques bières. Tout de suite je pense aux Écrins et à cette « grande traversée » qui me trotte dans la tête depuis l’été dernier. C’est décidé, départ début juillet avec cette fois de la neige dans la face. La méthode : partir en vélo légers de Grenoble avec le bivouac et les vivres de course, monter à la Bérarde et envoyer le sommet.
JOUR 1. Vendredi 1er juillet : Grenoble altitude 212 mètres – les Étages (dénivelé + 1400 mètres, distance environ 80 km). 15 heures : rdv porte de france à Grenoble pour le départ. Vélos chargés de matos et sac à dos, direction la Bérarde. La route jusqu’à Bourg d’Oisans, on la connait bien, c’est la route de la Grave et de Briançon qu’on emprunte tous les week-ends en camion, lieux de prédilection du « team » des gros*. Cette fois-ci, elle m’a paru un peu plus longue… Pas mal de faux plat montants un peu casse-pattes, pas facile pour la première sortie vélo de l’année ! Heureusement Ben était beaucoup plus au point que moi pour tracer la route. Arrivés à 18h30 à Bourg d’Oisans, on prend une pause bière, coca pour moi, bien méritée avant de repartir dans le Vénéon. Il est 22 heures bien tassé quand on arrive à Saint-Christophe en Oisans. Il est tard et la fatigue se fait sentir. Pas de Bérarde pour ce soir. Le bivouac est fixé un peu avant les Étages (le point de départ du refuge du Soreiller et de l’aiguille Dibona) a 1550 mètres d’altitude. Pas facile la bicyclette, j’ai quand même posé une galette dans la montée…
* les gros : équipe de montagne constituée à l’époque d’Alex, d’Eric et des 2 Nico avec un camp de base à Serre Chevalier
– Départ Porte de France à Grenoble / -Departure from the « Porte de France » in Grenoble.
– Pause pour refixer les bagages.. / -Break to re-fix the hardware.
– Petite pause bien méritée au Bourg d’Oisans. / -Short break in Bourg d’Oisans.
– Eric en chie.. (depuis il s’est remis au velo!). / -Eric is dead.. (since then he restarted to train him cycling!).
Après 2 jours d’approche sur les vélos, on monte au bivouac à pieds
JOUR 2. Samedi 2 juillet : Les étages – quelque part sous le Pic Coolidge (dénivelé + 1300 mètres) Les 200 mètres de dénivelé jusqu’à la Bérarde sont vite avalés. Un petit encas et on laisse les vélos… aux CRS. Et oui les CRS ne font pas seulement les manifs mais aussi du gardiennage de vélos ! On fait les sacs et c’est parti, départ pour le refuge Temple Écrins. 2h15 de montée suffisent pour atteindre le refuge a 2410 mètres d’altitude, une petite sieste et c’est reparti ! A 18h00 on atteint 2850 mètres d’altitude. Le temps de confectionner le bivouac et prendre l’apéro. J’ai monté la binouze, Ben le pastaga. Au dessus de nous la face sud ouest des Écrins. C’est assez impressionnant avec un socle rocheux de 300 mètres et 300 mètres de couloir de neige qui vont se perdre sous la Barre des Écrins. Y’a du boulot demain, une soupe et au lit !
– Ça y est une étape de franchie.. la plus facile!! / -First step done.. the easiest part!
– Les Bans vue de la montée à Temple Écrins.
– L’objectif joue à cache cache.. normalement ça doit se dégager dans la nuit ! – A ça y est ça se dégage.. Magnifique!!! On cherche à repérer par ou ça passe./ – Our target play with the clouds.. the wind should clean the sky during the night! – .. we can now see the target and try to see where is our way!
– Notre bivouac pour quelques heures.. je m’étais payé le luxe de monter l’autogonflant.. en contre partie je me suis contenté d’un sac de couchage ultra méga light … 15° confort 😉 … même pas froid ! / – Our camp base for few hours.. luxus bivouac with karimat.. but with ultra light sleeping bag.. for 15° only.. not cold at old!!
Jour 3 : sommet de la Barre des Écrins en alpinisme
JOUR 3. Dimanche 2 juillet : quelque part sous le pic Cooolidge – la Barre des Écrins (dénivelé + 1300 mètres) et retour à Grenoble (dénivelé – 4000 mètres). Il est 3 heures du mat. Le réveil sonne. On est pas levés depuis 10 minutes qu’une chenille lumineuse traverse le bivouac. On est sur le chemin ! Et on se fait griller par 20 personnes parties du refuge en contrebas ! Et merde ! On ramasse toutes les affaires et c’est parti. A 5h30 on arrive en bas des rochers à 3250 mètres. Il y a la queue ! On monte nous aussi au départ et on prend le ticket. Ça commence à pavasser sec. Le leader de la cordée de devant évite un obus de justesse. Ce n’est qu’un début !
On commence à grimper à 6h15. Deuxième longueur, la second(e) de la cordée de devant dévisse dans une traversée. Je manque de me la prendre sur la tête, je n’avais pas encore mis de point de protection ! Elle hurle de douleur, elle a mal au genou. Elle met 10 minutes à repartir. On a bien cru qu’on faisait un hélico ! La suite de l’escalade se passe bien excepté les chutes de pierre (mais on s’habitue vite) et à 9h30 on débouche sur les pentes de neige accrochées sur la face sud a 3600 mètres d’altitude. Il fait chaud et déjà la neige transforme. Autre problème de taille, les cordées au-dessus (soit 20 gonzes) balancent des missiles qui dévalent le couloir de neige qu’on est censés remonter. Traversant bien à droite entre les pierres, on atteint un couloir qui à l’air calme.
C’est parti j’entame la remontée dans du bon 40-45°. J’ai pas fait 50 mètres qu’arrive une première giclée de caillase. Je passe à travers mais pas Benoit. Une pierre touche son bras droit mais rien de cassé. 50 mètres plus haut, autre giclée. Une pierre la taille d’une boule de bowling passe à 100 a l’heure à 50 cm de mon bras gauche. Ça suffit. On prend les rochers, tant pis pour la neige. 2 heures 30 de remontée fastidieuse dans des schistes de merde improtégeables nous conduise au pic Lory à l’altitude de 4050 mètres. La Barre est atteinte vers 13 heures. 4102 mètres. Bien sûr a cette heure-là il n’y a plus personne ! 6 heures d’escalade au lieu de 4 dans le topo. On commence à exploser l’horaire. La descente se déroule via le col des Écrins et le glacier de Bonnepierre qu’on atteint à 17h00 (13h30 de course !!!).
-Eric en action…. me tombe pas dessus stp.. c’est pas le vieux piton tordu qui va nous retenir!! / -Eric in action.. please don’t fall now.. this very old bent pits may not retain us!! -L’ambiance est au rendez-vous!! / -A lot of verticality!!
-Eric dans son élément! / – Eric happy!
– Vue sur le Pic sans Nom et l’Ailefroide. / – View on Pic sans Nom and Ailefroide.
– L’arrête sommitale conduisant droit au sommet de la barre. / -The summit is now very near!
– Le dôme des Écrins parait petit! / -From here the summit of the dome des Ecrins looks small!
– Eric et Moi au sommet de la Barre.. un peu fatigue.. « un peu » mal a mon epaule.. mais content!! / -Eric and me at the summit of the Barre des Ecrins.. a bite tired.. one shoulder destroied… but so happy!!
– Eric au sommet. / -Eric on the summit.
Après une pause séchage/cloppe on repars sur la (longue) moraine du glacier. Il est 20h15 quand on arrive au poste de CRS. On est félicités pour notre « exploit » et on nous propose un coup à boire, du « sirop de menthe ». Et oui, chez les CRS, pas d’alcool pendant le service. Après un bon encas charcut au resto dans face, on enfourche les vélos. Il est 21h30. La descente se passe sans problème jusqu’à Vizille ou à pas loin de 40 km/h je fais une chute, le temps de virer le vélo de la route, une voiture était 200 m plus loin ! Ouf ! Décidément on accumule les aventures. Seul le casque a pris (ça ferait plaisir à ma mère, elle qui me dit qu’il faut mettre un casque en vélo). Un petit mal de tête en prime. Et nous sommes obligés de finir avec une frontale pour deux. Il est 1h10 lorsqu’on atteint notre point de départ porte de France à Grenoble. Merde on a loupé la fermeture des bars de 1/4 d’heure. Du coup, brecouilles, on reprend, tous les deux, le chemin de nos maisons. On remet le coup à demain.
– Peu après la chute d’Eric, petite pause pour souffler et constater les degats.. / -Break after the Eric accident in the middle of the national road.. without light!
Jour 4 : le mot de la fin
JOUR4. Lundi 4 juillet : Grenoble altitude 212 mètres (dénivelé 0 mètres). Aujourd’hui je prends le vélo mais pour aller travailler sur le campus. Pas facile ! Mal à la tête, mal au bras. C’est grave docteur ? Voici un petit récit de ce petit voyage, en espérant que ça vous donnera envie, pas forcément d’y aller en vélo, mais d’aller en montagne. Amis déglingos de l’escalade, gros alpinistes, amis vosgiens et d’outre atlantique et cyclistes à bientôt sur un rocher !
Eric
ps: premier 4000 pour Benoit, il paie son coup se soir a 19h30 place aux herbes
ps2: la sortie a été rentrée sur C2C par nos amis stéphanois, nous sommes dans les participants ! Lire les commentaires sur les pierres
Article sur la voie normale du Dôme et de la Barre des Écrins