Escalade à Kalymnos (Grèce) : quelques bonnes raisons d’y grimper
Kalymnos, « kaly » pour les habitués, est peut-être la destination de grimpe en Europe (et dans le monde ?) par excellence. Simple phénomène de mode ou réel spot de rêve ? Quand « escalade » rime aussi bien avec « vacances », le succès d’un trip grimpe entre amis ou en famille sur cette île grecque de la mer Égée est assuré. Petit tour en quelques mots et images de cette île si singulière où il fait si bon grimper.
La mer
C’est sans doute une évidence mais la mer est omniprésente à Kalymnos. Le charme opère immédiatement, d’autant plus si vous êtes fan du film le Grand Bleu de Luc Besson sorti en 1988 qui commence sur une séquence sur une île grecque.
On arrive à Kalymnos depuis l’île voisine de Kos qui est desservie par des vols réguliers depuis Athènes ou d’autres aéroports européens en saison. Après un transfert en taxi de 15 minutes depuis l’aéroport, on rejoint la station balnéaire de Mastihari d’où partent les ferries pour Kalymnos. L’aventure commence ici. Si vous avez de la chance, cette partie du voyage se passera bien mais si ce jour-là la mer est un peu turbulente, vous risquez d’être un peu brassés. La traversée n’est pas longue, de 30 minutes à 1 heure, mais offre une belle balade sur la mer Égée avec sur la droite l’île de Psérimos et les côtes turques à seulement 10 km derrière.
L’arrivée à Κάλυμνος (Kalymnos) se fait dans le port de Pothia qui est un port qui vit entre le tourisme et les activités de la pêche à l’éponge et de la pisciculture. Vous aurez compris que lors d’un séjour là-bas, les produits de la mer sont bien présents. On pourrait dire que Kalymnos est une île de grimpeurs mais Pothia est une petite ville grecque de 10 000 âmes qui a gardé son authenticité.
N’hésitez pas vous arrêter sur le port déguster votre premier blaklava avec un café et certains soirs on peut assister à des concerts de sirtaki, la musique rendue célèbre par Zorba le Grec. Au port, on trouve les premiers loueurs de l’instrument essentiel sur l’île : le scooter.
Le scooter
Même si l’on souhaiterait qu’un jour, ce soit un moyen de transport totalement green, il faut admettre que ce moyen de transport reste diaboliquement efficace sur une île qui fait 10 km de long. Bien sûr les amateurs de « 2RM » se trouveront plus à l’aise sur ces engins surtout si on les utilise à 2. Même si l’apprentissage se fait assez rapidement, il faudra s’équiper de gants et casque si on ne veut pas voir ses mains finir en fromage râpé en cas de chute et pouvoir grimper.
Le sirtaki et la culture grecque
Depuis le port de Pothia, direction la côte ouest de l’île, où les 2 municipalités de Myrties et Massouri accueille le gros de la faune grimpante. Vous voici propulsés dans la galaxie de l’escalade : escouades de scooters chevauchés par des grimpeurs casqués Petzl, bars, restaurants, shops de grimpe et de souvenirs, pas de doute on est au cœur du Kalymnos qui grimpe. Ne cherchez pas ici le dépaysement puisque la langue anglaise sera bien souvent votre meilleure alliée, fini la Grèce profonde.
Cosmopolite serait le mot qui qualifie le mieux Myrties et Massouri : des grimpeurs du monde entier s’y retrouvent chaque année depuis les années 90. C’est de ce centre névralgique de l’escalade que la plupart des secteurs d’escalade classiques sont accessibles. La vie nocturne est également assez intense avec des terrasses les pieds dans la mer Égée. Massouri fait face à l’île de Telendos qui se trouve à 1 kilomètre à vol d’oiseau.
Après ce long voyage, la première gorgée de bière, Mythos, Alpha ou Fix, en écoutant du sirtaki à une terrasse de Massouri les pieds dans la mer Égée est bien méritée.
C’est le moment de mettre le son pour le reste de l’article…
Vous l’aurez compris, élire domicile à Massouri le temps d’un séjour vous garantira pas mal d’expériences sociales puisque les rues peuvent être remplies de grimpeurs en saison. Si vous préférez le calme, vous pourrez pousser jusque Arginonta ou Emporios à 10 km de route de Massouri. Et si vous souhaitez cohabiter avec les grecs, Panormos semble être un bon choix à quelques minutes de jolies plages de sable. A vous de choisir votre degré de tolérance au monde de la grimpe.
A Massouri, vous trouverez de très nombreux bars et restaurants servant de la nourriture plus ou moins grecque. Le souvlaki, une brochette de viande servie avec riz, salade et pita, est un incontournable pour les non végétariens. Pour les petites fins, le snack « on the road » face à Telendos est une bonne adresse avec un large choix de pita. Si vous cherchez un restaurant grec authentique, visitez Tsopanakos un restaurant familial à Massouri qui sert des plats grecs avec en prime l’agneau homemade certains jours de la semaine.
Côté farniente après la grimpe, il ne faudra absolument pas louper la plage du pirate à Emporios ou la plage Paradise Beach au nord de l’île… des endroits magiques.
La grimpe
Si on résume le potentiel de grimpe de Kalymnos en quelques lignes, c’est plus de 3000 voies en couennes et quelques grandes voies dans tous les niveaux et toutes les orientations réparties sur une centaine de secteurs. Le gros avantage de l’endroit est que la plupart des secteurs de grimpe sont accessibles à pied depuis Massouri ou en 15 minutes de scooter pour les plus lointains. Les marches d’approche depuis les parkings sont relativement courtes sauf pour quelques secteurs. Même s’il sera compliqué de grimper en été sans aménager ses horaires de sieste, le reste de l’année, l’île offre des secteurs au soleil ou ombragés en fonction de l’heure de la journée qui autorisent de belles et longues journées en falaise.
La meilleure période pour se rendre à Kalymnos semble être l’automne où l’on bénéficie de températures agréables et d’une eau de mer encore propice à la baignade. A cette période les concrétions calcaires, colonettes, « tufas » sont bien sèches.
Pour un premier jour sur l’île, on peut se rendre directement à la paroi iconique de Kalymnos accessible à pied de Massouri : la Grande Grotta et ses 2 secteurs satellites Spartacus et Panorama. Les voies y sont à l’ombre le matin jusqu’à environ 13 heures. Spartacus reste à l’ombre un peu plus longtemps. Si vous avez le niveau de vous lancer dans les envolées de 40 mètres sur grosses prises de ces secteurs, vous ne serez sans doute pas déçu par le voyage.
Il serait difficile de parler en détails des nombreux secteurs de grimpe l’île. Les principaux secteurs historiques se trouvent à proximité directe de Massouri et d’Arginonta : Odyssey, Iliad, Olympic Wall, Spartacus, Grande Grotta, Panorama, Poets, Ahri, Arginonta font partie des secteurs classiques à visiter.
Plus lointains mais pas forcément moins fréquentés, on trouvera les petites perles de Ghost Kitchen, Secret Garden ou de Sikati Cave, une curiosité géologique à voir absolument même si les voies faciles sont limitées dans ce dernier secteur.
A la journée, une excursion sur l’île de Telendos depuis le port de Myrties permet de prendre un peu de recul et voir les secteurs de Massouri d’en face. A elle seule l’île de Telendos propose des centaines de couennes et plusieurs grandes voies parmi les plus intéressantes à Kalymnos. Les bateaux taxi boats peuvent déposer sur demande les grimpeurs à proximité des secteurs d’escalade.
Revers de la médaille, les secteurs les plus proches de Massouri et les plus classiques sont souvent pris d’assaut mais sachez qu’il vous sera facile de trouver la solitude sur un secteur loin des foules en feuilletant l’impressionnant topo-guide d’Aris Theodoropoulos en vente un peu partout sur l’île et dans la plupart des shops à Massouri.
Côté qualité de la grimpe, c’est tellement beau qu’on se lève chaque jour avec la même envie : grimper.
Côté équipement, pas de souci, la majorité des voies sont très bien équipées « sans stress » avec souvent un mousqueton au relais pour éviter de faire la manip de haut de voie. Pratique quand on est en vacances.
Kalymnos, la dolce vita à la grecque
Après quelques jours de grimpe à Kalymnos, le corps a besoin de se reposer et c’est bien là que réside la vraie richesse d’un voyage sur cette île. Les jours de repos sont prétextes à flâneries sur place : randonner sur les sommets de l’île et atteindre un des fameux monastères qui la jalonnent, passer une journée dans la belle calanque de Vathis, profiter des levers et couchers de soleil, se baigner dans les vagues, prendre un café, manger une pita ou boire une bière sur le sable face à la mer, parcourir le marché de Pothia et ses échoppes riches en poisson, le choix est large.
Après quelques temps passés sur place, il n’est plus question d’essais dans les voies ou de croix mais de pur plaisir de grimper. Ainsi pour profiter pleinement de Kalymnos, il est conseillé de prendre le temps et de partir aussi longtemps que possible pour laisser libre cours à son envie de grimper, sans limite. Un séjour d’une dizaine de jours semble être le minimum pour goûter aux plaisirs de l’île.
A vous de grimper !
Kalymnos pratique
Y aller : se rendre à Kos en avion directement ou via Athènes puis prendre le ferry jusqu’à Kalymnos : nombreux départs toutes la journée. Depuis Pothia, des bus et taxi desservent les principales localités.
Se déplacer sur place : en bus, en taxi, à pied, en louant un scooter ou une voiture : nombreux loueurs sur le port à Pothia ou à Massouri. Compter 12 à 15 € par jour pour un scooter.
Hébergement : les locations sont nombreuses sur l’île et réservables directement sur internet. Les loueurs parlent anglais la plupart du temps.
Matériel : une corde de 80 mètres passe partout et pas mal de dégaines (15 à 20) sont nécessaires. Le casque est très recommandé dans les secteurs verticaux ou sous les dévers avec des concrétions et autres « tufas » qui peuvent être fragiles surtout après une période humide.
Nourriture : nombreux bars et restaurants un peu partout sur l’île. Épiceries à Myrties et Massouri.
Conversation : la plupart des grecs qui vivent du tourisme parlent anglais. Nul besoin de parler grec si ce n’est pour dire bonjour/bonsoir « καλημέρα / καλησπέρα » (kaliméra / kalispéra) ou merci « ευχαριστώ » (eucaristo). Si vous avez fait du grec ancien au lycée, pas mal de mots sont passés dans la langue moderne, c’est toujours sympa de réviser.
Encadrement professionnel sur place : Fred est un moniteur français installé sur place. Son site : Kalymnos Climbing Adventure.
Pour vous guider depuis la France : je me ferai un plaisir de vous guider me contacter
Quelques impressions personnelles sur Kalymnos
Bien sûr l’escalade à Kalymnos ne date pas d’hier et j’entendais parler de cette île grecque depuis des années. Jusque là j’étais resté dubitatif sur l’intérêt d’un séjour grimpe, qui plus est aéroporté, dans un endroit réputé touristique et je m’étais tourné vers d’autres destinations plus locales ou alors, quitte à voyager à l’étranger, plus lointaines et sauvages. Je suis parti à Kalymnos avec les copains Nikos, JC et Sylvain début novembre 2021, j’y ai trouvé le soleil, la mer (normal sur une île grecque) mais surtout des locaux super accueillants, une ambiance sereine entre grimpeurs (citoyens) du monde entier, des bars et resto qui déchirent, la bouffe grecque mérite vraiment le déplacement, et surtout un sentiment d’apaisement et de calme propre à cet endroit insulaire bien loin de l’agitation actuelle.
Ce fut un séjour propice à la réflexion et la philosophie, les Grecs n’étaient-ils pas parmi les premiers philosophes ? Sans parler de mon coup de cœur du séjour : le sirtaki ❤️ Une journée à Kalymnos avec les copains de là ou d’ailleurs… scooter, grimpe, blabla, pita, bière, baignade, apéro. Tout cela dans des paysages à couper le souffle avec des falaises ornées de « tufas » et autres curiosités géologiques. L’escalade sportive est presque passée au second plan, les performances et les fameuses « croix », ont vite laissé la place au plaisir de vivre et à la grimpe tout simplement. On a qu’une vie après tout.