La COVID-19 (5C)


Texte publié sur le réseau social Facebook le 9 novembre 2020
LA COVID-19 (5C). C’est la dernière voie équipée à la falaise… un joli petit 5c terminé à la nuit sur des broches flambant neuves. J’avais bien un autre nom dans la tête mais celui-ci penche du côté obscur de la planète Narse vu l’actualité. Bien sûr je la renommerai le temps venu quand tout ceci sera un mauvais souvenir.
2020 a été une grosse année pour la grimpe en falaise avec beaucoup de monde sur les falaises dès le dé-confinement le 11 mai et jusqu’à la semaine dernière… Le bilan : 0 accident à Narse. Juste un hélitreuillage suite à un refus technique dans une voie avec dépose des protagonistes au niveau de leur véhicule sur le parking de la falaise. Dans les voies, quelques plaquettes tournent aux relais et dans les longueurs mais un coup de clé et c’est réglé. Encore quelques prises fragiles, c’est le Bugey, pas les gorges du Verdon.
Chaque année depuis 2017 à cette période de l’année, j’organisais un week-end bénévole d’entretien voies/chemins à la falaise avec les copains. Cette année, confinement oblige je me retrouve seul à faire un peu de nettoyage et d’ouverture. Contrairement au 2 dernières années, ce début de mois de novembre 2020 est exceptionnel niveau météo : températures dignes d’un mois de septembre et pas de pluie… C’est l’ironie du sort ! Vous avez remarqué que le premier confinement était déja suivi d’une période de grand beau temps !
Pour nous professionnels de l’escalade, ce mois de novembre tempéré et ensoleillé aurait été l’occasion de faire des formations en plein air et des sorties escalade en falaise et en grandes voies. Un virus a mis fin à ces bons moments passés dehors avec les clients qui ont tous en commun l’amour de la nature. Après un couvre-feu à Lyon qui obligeait à écourter mon stage d’escalade à Annot en octobre, le confinement a mis fin à toutes nos activités escalade le 30 octobre. On se retrouve donc au chômage faute de clients (confinés) mais nous ne sommes pas en « fermeture administrative » pour autant car on nous donne le droit de nous « entraîner ». Au niveau du Gouvernement, je pense qu’il vaut mieux remercier la ligue 1 de foot pro plutôt que la Ministre des Sports pour avoir permis aux sportifs pros de ne pas se retrouver H23 dans leur canapé. Merci Mbappé ! Désolé Mme Maracineanu, vos déclarations suite à la fermeture des salles de sports sur la discipline dans nos loisirs et notre vie personnelle ne passent pas chez des passionnés.
Bien entendu nous autres indépendants passionnés n’aurons pas d’aide financière directe, à cause d’un calcul étrange avec une règle de 50 % de perte de chiffre d’affaire par rapport à l’année A-1, ni chômage partiel réservé aux salariés… Mais nous avons le droit de nous entrainer en attendant l’année prochaine qui on l’espère sera plus simple que 2020. Certains non-pros nous jalousent déjà et certains de mes collègues se sentant coupable de ce « traitement de faveur » se cachent pour grimper alors que des millions de Français roulent chaque jour vers le travail avec attestations dérogatoires… Quelle ironie ! Le boulot d’un moniteur ou d’un guide c’est grimper. J’avoue qu’il m’est personnellement difficile d’encaisser le choc du confinement pour 3 raisons : la première est que nos activités verticales se pratiquent en plein air où les contaminations sont nulles et ne génèrent pas d’accident en encadrement professionnel (0 accidents ces 2 dernières années en escalade/canyoning/via ferrata sur l’ensemble des moniteurs du bureau escalade montagne de Lyon) d’où un profond sentiment d’injustice lorsque de nombreuses activités « contaminantes » et accidentogènes continuent « as usual ». La seconde est que le sport est décrété « non essentiel » dans une société où le surpoids et les problèmes psychologiques font des ravages avec au bout 9000 décès par an par suicide. La troisième est que les autorités qui sont censées nous protéger (c’est leur job au final) ont échoué à endiguer cette seconde vague et sont responsables de nombreux décès, mais aucun mea culpa de leur part… à part fermer des salles de sport en octobre, tout continuait : fêtes, anniversaires, bars bondés, facultés, etc. Ces autorités ce sont cachées derrière des chiffres qu’ils distillent chaque jour à toutes les sauces et des arrêtés sur le port du masque dans l’espace public alors que les contaminations explosaient sur les lieux de travail et dans la sphère privée. Vendredi 6 novembre. Confinement J+7. Les images de supermarchés bondés, de transports en commun, de lieux de travail clos occupés, de bouchons de voitures dans ma rue aux rush hour des bureaux sont autant d’images difficiles à voir.
Pendant la saison estivale, nous avons privilégié de petits groupes en canyoning et en via ferrata de 1 ou 2 familles avec traçage des participants, signature d’une charte sanitaire, une distanciation avant, pendant et après l’activité, lavage des mains et une mise en quarantaine systématique du matériel. Tous ces efforts nous ont permis de lutter contre le virus jusqu’au mois de septembre avec 0 cas de covid recensés… où notre activité c’est effondrée avec la rentrée scolaire. Un très mauvais mois de septembre malgré une météo clémente. Les supermarchés faisaient eux leur beurre pour la rentrée. Les vraies fausses alertes météo « j’ouvre le parapluie » de météo france qui font flipper les clients déja flippés sur le covid, les « cas contact » covid ont eu raison des dernières sorties début octobre. J’ai été ému par mon dernier groupe, un enterrement de vie de garçon (EVG) où le mariage se résumait à 20 personnes dans la mairie et qui respectait la recommandation d’une soirée dans un restaurant à la place d’une chaude soirée dans une salle mal ventilée. Mais difficile de vivre à Lyon et ne pas voir certaines salles d’escalade bondées appliquant la règle des 4 m2 (WTF !) et où les cordes que tout le monde mort en clippant les dégaines sont les mêmes toute la journée (désolé chers collègues mais vous avez merdé sur ce coup), les bars et les restaurants plein à craquer d’étudiants sans port du masque et sans distanciation > 1 mètre. Où sont vos exécutants si zélés qui étaient si prompts à verbaliser de 135 € les randonneurs en forêt pendant le confinement #1 messieurs les Préfets ??? Sans doute encore en vacances au Puy du Fou avec 4000 autres personnes dans la tribune #3 . Et ce qui devait arriver arriva : le virus est revenu par magie. Même Raoult s’est trompé. Je suis désolé de dire ça mais tout a gravement merdé en septembre/octobre mais c’était « business as usual » partout et pour tout, soirées de rentrée à gogo tous les soirs sans masque bien sûr pour pouvoir se comprendre et picoler dans des lieux clos… La pire situation pour transmettre le virus. A cette période, des membres du Gouvernement affirmaient encore dans des interview qu’on ne connaissaient pas les mécanismes de transmission du virus. BULLSHIT. Tout ça était programmé puisque M. Macron avait déja garanti qu’il ne confinerait pas pendant les vacances de Toussaint. Il aura tenu sa parole jusqu’au bout en laissant une tolérance jusqu’au dimanche pour que les vacanciers finissent leur séjour. Solidaire avec les professionnels du tourisme, j’ai fait la fermeture du camping de Bonnieux (84) le samedi midi.
Aujourd’hui je dis non à ce confinement programmé qui confine les uns et pas les autres en fonction d’un code NAF (encore des chiffres) ou comme au temps de La Fontaine où « selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Un confinement où acheter un lave-linge ou un micro-onde est plus « essentiel » qu’acheter un livre ou faire une balade en forêt ou sur un caillou. La lutte contre le virus ne peut pas être dérogatoire !Pour finir à la manière des médias qui nous baladent, je vous sors moi aussi des chiffres à l’appui sur l’escalade en plein air dans le respect des règles de sécurité et des consignes sanitaires : 0 contaminations. 0 accidents. 100 % de personnes en bonne santé physique et mentale.
Laissez-nous grimper librement.