Chan Thé : Escalade en terrain d’aventure dans les gorges du Verdon
Chan Thé est une grande voie d’escalade des gorges du Verdon. Cette voie située à droite de la célèbre Arête du Belvédère au secteur de la Malines a été ouverte en 1972 par François Guillot, auteur 4 ans plus tôt de la Demande, et par Jean-Pierre Foliet. La voie a été partiellement rééquipée si bien qu’on la parcourt à présent avec un petit jeu de coinceurs.
Photo de couverture : Eléna concentrée au départ de la L3 de Chan-Thé : camalot à sa droite, spit à sa gauche : que choisir ? Les 2 !
J’ai parcouru Chan Thé en octobre 2018 avec Eléna, Adrien et Romain. Nous étions de retour de 4 jours d’escalade trad à Annot et voulions nous confronter à une voie en terrain d’aventure du Verdon. Ula aurait été un bel objectif mais avec la fatigue accumulée de la semaine, nous nous sommes dirigés vers un objectif plus modeste : Chan Thé.
L’approche par la descente de l’arête du Belvédère est vraiment typée montagne avec des prises d’un autre âge. C’est toujours un plaisir de réaliser ces descentes le matin !
La voie part entre 2 voies modernes, ne pas se tromper de destination ! La première longueur part en ascendance à gauche dans des rochers brisés végétatifs. Rien de bien méchant. Ça se corse en L2 où on part tout de suite en opposition dans une fissure raide. Il est possible de compléter l’équipement avec des aliens avant de déboucher dans un section sans réelle ligne de faiblesse. Heureusement il reste quelques pitons salvateurs ici ou là dans cette dalle qui mène au relais.
Au départ de L3, un spit se trouve très haut dans la dalle à gauche. Il est préférable de se protéger en passant dans la fissure de droite avec un bon camalot #3, ensuite ça déroule dans la fissure en plaçant encore quelques protections.
Le départ de la 4ème longueur (L4) en 6a+ ne m’a pas laissé de marbre ! La fissure limite off-width s’évase au fur et à mesure qu’on s’éloigne du relais et malgré les pitons encore en place il faut placer un gros camalot. De mémoire j’aurais pu mettre plus gros qu’un #3, un #4 voire un #5, heureusement un petit alien la tête en haut m’a bien aidé pour le crux où il faut sortir de la fissure et faire une bonne remontée de pied. Pour du 6a, en sortie de relais, c’est retors ! A se demander aussi si un piton n’a pas disparu à cet endroit rendant un gros camalot fort appréciable. Heureusement la fissure est toujours là ! On traverse alors à droite sur pitons et spits pour retrouver une autre fissure. Le reste de la longueur grimpe mais se protège bien en complément de l’équipement en place. Ouf on souffle !
La L5 est une très jolie longueur en dièdre qui se protège bien et on arrive a un très bon relais. La longueur suivante (L6) est vraiment classe : traversée à gauche puis retour dans la dalle à droite sur des bonnes prises pour retraverser à droite. On remonte une belle fissure déversante sur quelques mètres pour finir dans une grosse fissure ou un camalot #4 voire #5 aurait pu être utile mais le ré-équipeur en a décidé autrement… Encore un petit alien sur le haut et on atteint le relais sur une terrasse tout confort.
En photos : Eric et Adrien grimpent en dalle et en fissure dans L6, sans doute la plus belle longueur de la voie
Une horrible plaquette gâche le départ de L7. Le point serait sensé protéger le passage en cheminée de droite mais il ne fait que dénaturer la voie. En plus d’être inutile, en cas de vol on tombe sur la terrasse, c’est moche. D’autant qu’on peut placer des protections dans et en sortie de cheminée. La fin de la longueur est plus facile et on peut utiliser l’équipement de la voie moderne sur spits à gauche : mal vu de la part de l’équipeur de chevaucher une voie classique.
La dernière longueur L7 dénaturée par un équipement moderne au départ et à gauche : si près du but DOMMAGE !
En photos : Eléna en termine avec le sourire dans L6 et Romain regarde dubitativement cette plaquette dans L7.
Matériel : en plus du matériel de grande voie, le matériel à coincer nécessaire pour la voie est un petit jeu d’alien (les petits) et un jeu de camalot C4 jusqu’au numéro 3… voire les numéros 4 et 5 qui peuvent être forts utiles et nécessaires en L4 et pour jaunir la longueur en L6. Les câblés sont utiles mais pas obligatoires (avec mes petits aliens au baudrier, j’en pose rarement).
En conclusion, Chan Thé est une belle voie de terrain d’aventure mixte avec des sections équipées et à protéger. Dommage que quelques points (plaquettes) inutiles et mal placés gâchent un peu l’ambiance. Un déséquipement partiel pourrait être envisagé sans perdre en sécurité. Chan Thé reste une très bonne préparation pour une voie comme la Demande avec les mêmes difficultés et le même type d’équipement. Le topo de Pascal Faudou présente la voie comme une bonne école de pose de coinceurs, je pense qu’il faut déja être à l’aise dans la cotation 6a pour que ce soit effectivement le cas…
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