Calanques sur les traces de Livanos : au-delà de la verticale (Ep2)
Au-delà de la Verticale (Calanques). Second volet dans les Calanques de notre séjour d’escalade dans les Calanques sur les traces de Georges Livanos : lien vers l’épisode 1 (l’arête du Devenson)
Au-delà de la verticale : l’œuvre de Georges Livanos « le Grec »
Au-delà de la verticale, avant d’être une voie d’escalade sportive moderne, est un très bel ouvrage de Georges Livanos sur sa vie de grimpeur, ses ascensions, ses amis et sa femme Sonia. Né à Marseille en 1923, Livanos « le Grec » comme on l’appelait s’en est allé le 21 mai 2004. Il aura marqué le monde de l’escalade d’après-guerre par ses réalisations audacieuses en rocher.
Dur de réaliser comment à l’époque des pitons et coins de bois il était possible d’imaginer des ascensions dans les grandes parois verticales de Marseille, des Alpes françaises et des Dolomites. Auteur de nombreuses premières dans les Dolomites, le grec est avant tout marseillais (crédit photos : éditions Guérin).
La concave : terrain de jeu de Georges Livanos « le Grec »
La Concave est une paroi orientée ouest qui déverse pas mal. Située au-dessus du vallon de Val Vierge entre les secteurs de la Candelle et de la Guardiole (Devenson), la Concave domine la mer de ses 150 mètres de hauteur. Sa forme recourbée sur elle-même lui a donné son nom.
Georges Livanos a ouvert en compagnie de Marc Vaucher deux itinéraires dans la Concave en 1966 : la Voie de la Concave, qui parcourt la grande vire qui fend la face de droite à gauche puis qui zigzague dans les vires en haut, et La Directissime de la Concave qui parcourt la face en son milieu en traversant la grande zone de dévers marron. 2 voies très différentes puisque la première se parcourt en libre et la seconde se parcourt en artif sur vieux pitons et spits rouillés (lien vers le topo). A noter que Jérôme Rochelle a parcouru La Directissime en libre et en solitaire dans les années 90. Ces 2 voies sont encore des classiques de nos jours pour les amateurs d’aventure verticale.
Au-delà de la verticale : une voie sportive à la Concave
Années 90, changement d’époque et changement de style de grimpe : le perforateur et les scellements ont remplacé le marteau et les pitons. Hervé Guigliarelli trace en 1996 une voie moderne dans la face de Concave. Cette voie a 20 ans et elle n’a pas pris une ride : les scellements sont excellents malgré la proximité marine et sont idéalement placés pour le libre.
La voie commence par une longueur de dalle assez raide sur un beau calcaire blanc très ciselé des Calanques. C’est raide mais le calcaire offre une escalade très agréable sur les pieds. Côté 6c+ ou 7a selon les topos, je penche pour le 7a vu que la voie est très continue. Quand on la fait d’une traine, ça grimpe ! Un relais tout confort vous attend dans une petite niche.
Grimpe sur les pieds en dalle & taffoni
La seconde longueur est considérée par beaucoup comme le crux (pas le plus dur) de la voie, un pas un peu furieux vous attend en sortie de relais, cependant avec une bonne lecture et un peu de souplesse, on trouve vite la solution. Rassurez-vous, le passage passe en A0 si vous êtes peu déterminé à ce moment de la journée. La fin de la longueur parcourt des taffoni de toute beauté : majeur ! Relais bivouac sur la large vire de la Voie de la Concave.
Le dévers : 100 mètres de grimpe moderne en 7a et plus
Les choses sérieuses commencent ici : une première longueur de dévers en 7a courte mais qui penche fortement. Escalade en 3D avec les talons de rigueur pour rejoindre le relais suspendu sous le petit figuier qui vous tiendra compagnie en attendant le second. On respire à fond et on se détend !
La longueur suivante est LA longueur majeure de la voie. Une cotation globale de 7b+ le vaut bien à mon avis tellement c’est conti… Pas de pas dur mais pas de section facile non plus, ça grimpe de A à Z sur des prises franches mais rarement bonnes non plus avec un petit pas un peu plus marqué avant d’enclencher la traversée finale… Du pur bonheur. Elsa n’avait jamais fait de 7b+ avant cette longueur : c’est chose faite !
Il ne reste plus qu’à rejoindre le plateau par 2 magnifiques longueurs cotées 7a (à mon sens plutôt 6c+ pour le passage du toit) et 6c+ avec un petit passage en dalle bombée où il faut être solide sur ses pieds. L’enchainement des 2 longueurs en une seule vaut un bon 7a.
Arrivé au sommet de cette belle grande voie, il ne reste qu’à contempler la vue sur la mer Méditerranée…
Pratique
- Accès : nous avons fait l’accès depuis le col de la Guardiole. L’accès conseillé est depuis Luminy : plus court et on arrive directement en bas de la voie.
- Descente : en 2 rappels de 50 mètres dans l’œil de Sauron ou à pieds par la cheminée du CAF (il est nécessaire de s’encorder).
- Matériel : corde à simple de 50 mètres, sac et corde de hissage, matériel de grande voie, 15 dégaines, un peu de motivation pour enchainer le 7b+.
En résumé
Au-delà de la verticale est une voie moderne très bien équipée et ultra-variée (dalle, taffoni, dévers, mur raide) avec une super ambiance dans laquelle vous allez vous éclater. Un niveau 7a et un peu d’endurance dans les bras semblent nécessaires pour venir à bout de cette voie. Rassurez-vous la partie déversante ne dure pas longtemps (70 mètres). Si vous êtes un peu limite, sachez qu’après les 2 premières longueurs vous pouvez vous échapper par la Voie de la Concave. Certaines conditions météorologiques semblent rendre les prises des longueurs L3 à L5 poisseuses (pluie, vent d’est), attention à bien prendre en compte la météo avant de vous lancer dans le dévers sinon ça poisse !
Envie de faire cette voie avec un guide ? Je vous emmène.
Retour au premier volet « Sur les traces de Livanos » dans les Calanques : lien vers l’épisode 1 (l’arête du Devenson)