Vivre, grimper et aller en montagne sans Facebook ?
VIVRE SANS FACEBOOK ? C’EST POSSIBLE ! Comme l’affirme une tribune dans Libération de 2019 sur la destruction de la planète, Facebook serait « la pointe la plus avancée d’un système basé sur la surconsommation et la surproduction ». Un système qui conduit à la destruction de la planète. Les mots sont forts et lointains de la vision de l’outil communautaire des débuts de Facebook. On ne peut plus nier que le réseau social fait de plus en plus peser un risque pour notre vie privée comme le montre le récent scandale Cambridge Analytica.
En pleine crise sanitaire du Covid-19 et à l’aube d’une nouvelle crise économique mondiale, ne serait-ce pas l’occasion de réfléchir à l’après ? Imaginer un monde sans Facebook ? Je vous livre une réflexion personnelle qui n’engage que moi mais qui peut aussi vous faire réfléchir.
Facebook ou Google représentent la pointe la plus avancée du productivisme. Il s’agit probablement des outils les plus sophistiqués et les plus intrusifs que l’humanité n’ait jamais conçus afin d’encourager la surconsommation.
Facebook c’est quoi ? Des chiffres à faire tourner la tête
Facebook est un réseau social en ligne qui permet à ses utilisateurs de publier des images, des photos, des vidéos, des fichiers et documents, d’échanger des messages, joindre et créer des groupes et d’utiliser une variété d’applications.
Facebook a été fondé en 2004 par Mark Zuckerberg et des camarades de l’université Harvard aux États-Unis. D’abord réservé aux étudiants américains, le réseau social est devenu accessible à tous en . Le nom du site provient du terme « trombinoscopes » ou « facebooks » en anglais.
Selon Wikipédia, Facebook est le troisième site web le plus visité au monde après Google et YouTube, il franchit en le nombre de 2 milliards d’utilisateurs actifs. En , pour la première fois, un milliard de personnes ont utilisé Facebook dans la même journée.
Facebook fait régulièrement l’objet de débats, tant sur le plan politique que juridique, économique, culturel et social. Son influence dans la sphère publique et la manière dont il affecte la vie sociale de ses utilisateurs, son usage des données personnelles, son rôle dans la propagation des fake news, sa responsabilité dans la banalisation des discours de haine, son inaction face à du contenu enfreignant ses propres règles, ou bien encore sa politique de régulation des contenus sont ainsi souvent discutés dans l’actualité.
La capitalisation en bourse de Facebook est de 525 milliards de dollars au 10 octobre 2019, le chiffre d’affaire de 56 milliards et un résultat net de 22 milliards en 2018. Le siège social européen est en Irlande pour bénéficier d’un taux réduit d’imposition (12,5 %).
Côté environnement, difficile de connaître les émissions de CO2 de Facebook même si l’entreprise affirme en 2018 utiliser à 75 % des énergies renouvelables pour ses serveurs. Depuis 2009, plusieurs ONG dont Greenpeace avaient demandé à l’entreprise de faire fonctionner ses serveurs avec des énergies renouvelables, ce que Facebook s’est engagé à faire en 2011 en s’engageant à atteindre 100 % d’énergies renouvelables en 2020 (voir le site en anglais Facebook Sustainability).
La gratuité a un prix : la publicité ciblée
Après s’être enregistré et en acceptant les conditions d’utilisation du réseau social, l‘accès à Facebook est gratuit.
Facebook tire ses revenus d’annonces publicitaires vendues aux annonceurs : les annonces sont ciblées et correspondent aux données personnelles de chaque utilisateur. Par exemple, si vous êtes une femme et que vous consultez des publications ou des vidéos sur l’escalade, Facebook vous présentera des publicités pour des chaussons d’escalade dédiés aux femmes.
Même si on l’utilise pour communiquer, Facebook est à la base un outil de marketing.
Les groupes Facebook sont-il garant de l’esprit communautaire de l’escalade ?
J’ai depuis quelques temps une réflexion sur mon utilisation de Facebook. J’utilise Facebook pour partager mes activités en lien avec la montagne et l’escalade qu’elles soient professionnelles ou en amateur (personnelles). Même si l’escalade est devenu mon métier, cette activité est restée pour moi une passion et j’aime partager cette passion au sein d’une communauté de personnes qui ont la même passion, qu’elles soient mes amis ou des inconnus. Dans cette optique de partage, est-ce que Facebook joue encore le rôle de « réseau social » et permet-il à une communauté d’exister ? Dans l’escalade et les sports de montagne, on pourrait penser que oui car ces communautés regroupent des personnes qui ont justement une passion commune.
Suite à un tragique accident mortel d’un jeune de 24 ans qui est tombé à ski de randonnée en plein confinement le samedi 4 avril 2020, je suis tombé sur un post d’un groupe sur l’alpinisme, qui m’a interpelé.
Sur cet exemple précis, en plus d’un réel manque d’empathie pour la famille et pour les amis de la victime, certains posts révèlent un égoïsme et un manque de respect envers la victime qui ne correspond pas à l’idée qu’on se fait d’une communauté.
Pour parler de communauté, le respect devrait être une règle de publication sur les groupes en absence de modération. Malheureusement, les groupes Facebook ont peu à peu remplacé les forums spécialisés sur la montagne et l’escalade. Heureusement en France, les forums C2C ont tenu bon. Même si ces forums peuvent être critiqués pour le franc-parler de certains sous couvert parfois d’anonymat, ils ont l’intérêt d’être modérés par une équipe de modérateurs qui représentent la communauté.
La modération évite bien souvent les dérapages qui mettent à mal la sensibilité de certain(e). Le forum s’il est modéré peut être un outil d’expression respectueux de la communauté.
Facebook n’est pas ou peu modéré et certaines personnes y revendiquent la liberté d’expression sur le réseau social. Mais à quel prix ?
Avec cet éclairage, les groupes Facebook peuvent être des groupes d’individus isolés qui cherchent à exprimer librement leur avis sans aucune considération de celui des autres, ce qui à priori n’est pas la définition qu’on se fait d’une communauté respectueuse et bienveillante.
Facebook : le mass media des falaises ?
Les informations sur Facebook, les vraies comme les fausses « fake », ou autres « hoax » se répandent parfois à vitesse grand V si bien que nous baignons dans un flux d’informations qui font le buzz… sans parfois savoir si elles sont vrais ou fausses ! On a vu récemment que certaines informations sur l’effet d’un médicament qui circulaient sur les réseaux sociaux pouvaient même influencer le pouvoir en place, peut-être au détriment de personnes silencieuses : est-ce ça la définition de démocratie ? Chacun y va à présent de son analyse et nombreux sont ceux qui pensent détenir la « vérité ».
Pour revenir au petit monde de la montagne ou de l’escalade, les sportifs qui accèdent à la notoriété, et au statut de « pro climber », sont bien souvent ceux qui communiquent sur les réseaux sociaux. La professionnalisation passe également par la réalisation de films pour narrer ses performances et mettre en avant les sponsors, garant de la professionnalisation de certaines activités outdoor en absence de compétitions (l’escalade et la montagne ce n’est pas le football). Certains magazines spécialisés arrivent encore à nous faire découvrir d’illustres inconnus allergiques des réseaux sociaux et du téléphone intelligent à écran tactile. Devenir connecté à Facebook ou Instagram est-ce le prix à payer pour la professionnalisation de l’escalade ? A vous de vous en faire une idée.
Certains spots de grimpe sont néanmoins devenus célèbres grâce à des vidéos très bien réalisées et aux réseaux sociaux. On pense en premiers lieux à Céüse, Siurana, Margalef ou Oliana, temples sacrés où la majorité des vidéos d’escalade dans le 9ème degré sont tournées depuis 20 ans (Realization à Céüse date de 2001). En montagne, les réseaux sociaux peuvent littéralement créer des embouteillages dans certains itinéraires de haute-montagne comme on l’a vu cet hiver dans des goulottes à Chamonix. Avec malheureusement quelques accidents à la clé qui peuvent être causés par cette fréquentation, sans dédouaner toutefois les protagonistes d’un manque de prudence dans certains cas.
Pour conclure, on peut s’interroger si Facebook ne nous conduirait pas à suivre la voie du plus grand nombre en oubliant les pratiques alternatives, les voies inconnues sans topo et nous priver d’aventure en quelque sorte…
Fichage publicitaire et risques consentis sur la vie privée
Alors qu’en France la CNIL s’interroge sur le fichage des malades du Coronavirus et les violations des libertés dans un but de santé publique avec l’utilisation du téléphone intelligent, Facebook est depuis plus de 10 ans le champion mondial du fichage des clients dans un but publicitaire : le réseau social établit un profil des consommateurs en fonction de leur activité sur le réseau social pour leur vendre tel ou tel produit. Idem pour Instagram racheté par Facebook en 2012 (pour la modique somme de 1 milliard de dollars) et qui analyse les contenus et propose des publicités « ciblées ». De nombreux consommateurs apprécient qu’on leur propose des produits « ciblés » et se retrouvent dans ce système de ciblage. Encore une fois, l’utilisation libre du réseau social est affaire de consentement.
Le rachat de Whatsapp par Facebook en 2014 a permis au réseau social de récupérer une grande partie des numéros de téléphone des contacts des utilisateurs mais encore une fois, cela est consenti par l’acceptation des conditions d’utilisation des services. Ne vous étonnez pas si Facebook vous propose comme amis des personnes de votre répertoire téléphonique. Bien ou pas ? A vous encore de vous faire une idée !
Mais ne vous inquiétez pas, il est possible de contrôler les données personnelles qui sont collectées par les réseaux sociaux, question pas toujours simple de paramétrages. Voici un TUTORIEL en images pour faire un petit nettoyage de votre profil Facebook et laisser moins de traces sur des serveurs informatiques énergivores : la planète vous remerciera !
TUTORIEL : Supprimer son compte ou du contenu sur facebook facilement
Si vous avez envie de suspendre votre compte Facebook, contrôler vos données personnelles ou limiter la charge des serveurs informatiques de Facebook et émettre moins de CO2, c’est possible. Ce tutoriel est en version PC ou Mac mais la version mobile doit offrir les mêmes possibilités.
#1. Suspendre ou supprimer son compte Facebook
Sachez qu’il est possible de suspendre temporairement ou même supprimer définitivement son compte Facebook en allant sur Paramètres > Vos Informations Facebook > Désactivation et suppression
Adresse directe : https://www.facebook.com/deactivate_delete_account/
#2. Supprimer des publications chez soi sur son « mur » :
Étape 1 : Se rendre sur sa page Facebook en cliquant sur sa photo de profil
Étape 2 : En défilant vers le bas, apparait le bouton « Gérer les publications »
Étape 3 : sélectionner et supprimer définitivement les publications que vous ne jugez pas utiles. C’est rapide et efficace !
#3. Supprimer ses commentaires, publications et les mentions « J’aime » chez les autres
Étape 1 : Se rendre sur sa page Facebook en cliquant sur sa photo de profil et se rendre dans l’historique personnel
Étape 2 : On a accès à la liste des commentaires et des mentions ‘J’aime ». Sélectionner la catégorie que vous souhaitez modifier :
Étape 3 : supprimer les commentaires, les mentions j’aime ou les publications que vous ne jugez plus utiles. Ce processus peut être long si vous avez beaucoup interagi durant plusieurs années… compter de quelques minutes à plusieurs jours !
Encore une fois, cet article ne représente que mon jugement personnel et vous avez le droit de ne pas être d’accord. Vous pouvez exprimer votre avis dans les commentaires ci-dessous si vous le souhaitez ou me faire part d’une remarque sur le fond ou la forme…
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Je finis par partager un clip d’un artiste que j’apprécie beaucoup :