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Canyoning

L’accès à la cascade de la Fouge est interdit

Depuis janvier 2022, l’accès à la cascade de la Fouge depuis les communes de Cerdon est de Boyeux-Saint-Jérôme est interdit par des arrêtés municipaux pris conjointement par les 2 communes du département de l’Ain.

Lien vers les arrêtés municipaux :

Malgré ces arrêtés, les réseaux sociaux et les avis google maps font état d’une fréquentation régulière du chemin d’accès à la cascade la Fouge. Il est de la responsabilité des collectivités locales d’assurer la sécurité des personnes et de maintenir l’accès à la nature à tous en évitant des situations de blocage qui durent plusieurs années sans action notable et qui conduisent au non respect des arrêtés d’interdiction par le public. La problématique de la cascade de la Fouge rappelle celle des tunnels de la cascade de Chrabotte où une interdiction similaire à été prise sur le sentier des tunnels du Train Fantôme depuis 2019.

Un article paru dans le Progrès en 2022 indiquait que M. le Maire de Cerdon, M. Marc CHAVENT, voulait recevoir les différentes parties (Mme Marie-Christine CHAPEL, Maire de Boyeux-Saint-Jérôme depuis 2020, la communauté de communes des Rives de l’Ain Pays du Cerdon, les offices de tourisme et Ain tourisme) afin de remettre en état le sentier de randonnée.

En 2024, plusieurs articles de journaux ont fait le point sur cette interdiction suite à un accident impliquant une randonneuse sur le site de la cascade : lire l’article du Progrès de mai 2024. En juillet 2024, 2 professionnels du canyoning du département de l’Ain appuyés par l’AGESSEC sont intervenus dans un article traitant de l’accès aux sites naturels de montagne et paru dans le Pélerin en août 2024.

Le site de la Fouge interdit d’accès aux professionnels

Les professionnels de randonnée et de canyoning regrettent le non respect de cet arrêté qui peut conduire à des accidents sur ce site exceptionnel du département de l’Ain.

Les professionnels de randonnée et de canyoning regrettent la différence de traitement entre les amateurs et les professionnels. Un professionnel s’engage auprès de ses clients à respecter la réglementation et ne peut pas s’engager sur un parcours interdit par un arrêté administratif sous peine de lourdes sanctions pour lui et son activité : amende, retrait de carte professionnelle et interdiction d’exercer, défaut d’assurance. A la différence, un particulier peut s’engager s’il le souhaite sur un sentier interdit en engageant sa propre responsabilité et en risquant une simple amende.

Les professionnels expriment le vœu que les communes de Cerdon et Boyeux-Saint-Jérôme trouvent rapidement une solution pour rétablir au public l’accès à la cascade de la Fouge, particuliers comme professionnels, conjointement avec le Département de l’Ain. L’association départementale de gestion des sites de canyoning l’AGESSEC peut aider les collectivités locales pour la sécurisation du site en vue de sa réouverture au public.

Quelques propositions pour la réouverture du site au public

Les professionnels de la randonnée et du canyoning connaissent bien le site de la cascade de la Fouge et peuvent formuler quelques propositions pour améliorer la sécurité sur le sentier d’accès à la cascade :

  • Apposer un panneau d’information au niveau du parking qui indique que l’accès jusqu’à la cascade de la Fouge nécessite du matériel adapté à la randonnée et se fait sous la responsabilité des randonneurs. Rappeler que l’accès au site en période de pluie est dangereux à cause des risques d’éboulements identiques à ceux sur les routes du département. Rappeler sur ce panneau la conduite à tenir en cas d’accident.
  • Baliser le chemin d’accès jusqu’à la cascade pour éviter que des randonneurs s’égarent dans le lit du cours d’eau, dans des pentes dangereuses ou des falaises : de nombreux sentiers mènent nulle part et son empruntés par des randonneurs égarés ce qui contribuent à induire en erreur d’autres randonneurs. Des sentiers mènent actuellement dans des pentes dangereuses où une glissade serait fatale.
  • Entretenir le chemin d’accès en ôtant les arbres morts du chemin, ces derniers constituant un risque non négligeable de glissade et de blessure.
  • Apposer une barrière pour empêcher l’accès à la zone sous la falaise à droite de la cascade : cette falaise en mauvais rocher s’écroule régulièrement indépendamment des conditions climatiques.
  • Faire réaliser un diagnostic du site de la Fouge par un bureau d’études spécialisé dans les risques d’éboulements pour déterminer les zones réellement à risques et leur temporalité (permanente, sous certaines conditions météo, à court et long-terme, etc.).
  • Prendre un arrêté municipal sur la base d’éléments techniques provenant de ce diagnostic. On pourra notamment prendre exemple sur l’arrêté municipal pris à Fontaines de Vaucluse qui traite de la même problématique : risque d’éboulement d’une falaise à l’aplomb d’un site naturel touristique. Il conviendra d’évaluer les risques sur la pratique du canyoning et de définir si besoin les modalités de pratique.

Le canyoning dans les cascades de la Fouge : un réel danger ?

L’interdiction du canyoning sur le site de la cascade de la Fouge est justifiée par les mairies de Cerdon et de Boyeux St-Jérôme par le caractère dangereux de l’activité canyoning sur le site avec comme référence le tragique accident de canyoning survenu en 2009 qui avait conduit à une interdiction de la pratique à l’époque par Mme la Maire de Cerdon Mme Sylvie Goy-Chavent. Mais qu’en est-il vraiment ?

Un accident mortel de canyoning a eu lieu le vendredi 13 mars 2009 : 2 pompiers (1 volontaire et 1 professionnel) en sortie d’entrainement en amateurs se sont noyés en descendant en rappel la dernière cascade du canyon de la Fouge. Avertis par les familles en soirée, les secours se rendent sur la cascade mais ne peuvent que constater la mort des 2 pompiers. En pleine nuit le vendredi soir, un pompier de l’équipe de secours se tuera en essayant de récupérer un des corps des 2 pompiers décédés. Les 3 corps seront finalement retrouvés le samedi matin puis hélitreuillés.

Un accident tragique de canyoning mais des conditions particulières

Sans vouloir polémiquer sur ce tragique accident, cet accident a eu lieu dans des conditions météo et de débits particulières, en saison hivernale lors d’une période de redoux avec la présence de neige sur le bassin versant des 2 affluents de la Fouge sur le plateau d’Hauteville au-dessus de 700 mètres d’altitude : le ruisseau de Pérolles et le bief de Malpassé. Le débit du cours d’eau de la Fouge était alors difficilement prévisible d’un jour à l’autre d’autant que les cascades sont alimentées à la fois par des résurgences et par de l’eau de surface provenant de la fonte de la neige sur le bassin versant du plateau d’Hauteville. La température le 13 mars 2009 était de 16°C à Ambérieu en Bugey, le débit de l’Albarine à St-Rambert en Bugey qui a un régime hydrologique lié à de l’eau karstique et de l’eau de surface semblable à la Fouge était de 12 m3/s en augmentation les jours suivants à cause de la fonte de la neige sur le bassin versant du plateau d’Hauteville. La conjonction d’erreurs humaines, de stress et de panique, de conditions de débits très élevés et imprévisibles en période de fonte de la neige en surface sur le bassin versant, de visibilité nulle lors du secours ont conduit à cette tragédie.

Or les conditions climatiques de cet accident ne sont absolument pas des conditions dans lesquelles le canyoning est pratiqué par des professionnels qui parcourent le canyon de la Fouge avec des clients en période estivale : de jour par beau temps, en absence de neige sur le bassin versant et par faibles débits. Pour prendre en comparaison la cascade de Charabotte, un débit de 12 m3/s de l’Albarine à Saint-Rambert en Bugey avec une tendance de crue relève de conditions extrêmes et dangereuses pour la pratique de l’activité professionnelle sur la cascade de Charabotte.

Extrapoler la dangerosité de l’activité canyoning dans les cascades de la Fouge sur la base de l’accident du 13 mars 2009 trahit une méconnaissance totale de l’activité canyoning et une mauvaise foi. Une interdiction sur une temporalité réduite aurait du être mise en place dans un premier temps comme c’est le cas dans de nombreux canyons en France : interdiction de la pratique en période hivernale, de nuit, etc.

Le risque d’éboulement est en revanche bien présent sur la falaise située en rive gauche de la dernière cascade mais il convient de réaliser un diagnostic par un bureau d’études spécialisé dans les risques d’éboulement pour déterminer si cette zone présente un danger pour les pratiquants de canyoning qui peuvent emprunter une sortie en rive droite.

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Rappel au sommet de la dernière cascade de la Fouge dans des conditions de débits à l’étiage en mai 2021 favorables à l’encadrement de groupes par des professionnels. Difficile d’imaginer qu’un drame a pu se jouer à cet endroit en mars 2009. On aperçoit en contrebas des marcheurs venus admirer la cascade (photo d’archive).

Le mot de la fin

Les édiles locaux des communes de Cerdon et de Boyeux St-Jérôme sont à présent des responsables politiques au niveau départemental pour Mme CHAPEL, élue au Tourisme au conseil départemental de l’Ain, et national pour Mme GOY-CHAVENT, Sénatrice de l’Ain et M. CHAVENT, Député de la 5ème circonscription de l’Ain. Peut-être est-ce le moment de réaliser une réelle étude des risques sur la cascade de la Fouge ? Si on s’en tient au statut quo actuel, le slogan du département de l’Ain « Ici c’est l’Ain » pourrait devenir « Ici c’est l’Ain-terdit » avec des conséquences délétères sur les activités économiques liées au tourisme : services et commerces, hébergements et restauration. Une situation qui rappelle la situation de blocage pour la randonnée des tunnels du Train Fantôme entre la vallée de l’Albarine et le plateau d’Hauteville.

A suivre…

Découvrez le canyon de la Fouge :

En attendant la réouverture du site de la Fouge, allez jeter un œil au canyoning sur la cascade de Charabotte avec un bel enchainement de rappels.

Guides de randonnée, d'escalade, de via ferrata et de canyoning dans le Bugey et le massif du Jura : vallée de l'Albarine, plateau d'Hauteville, Oyonnax et Nantua.